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Le Courant

Automne 2001 | 03

Les premiers cimetières de Barnston

Susan Beaton



Durant l'automne, la région de Barnston est très populaire auprès des touristes, ceux-ci se baladant sur les pittoresques routes de campagne et admirant le magnifique paysage. Les gens de la région ont remarqué, lorsque les feuilles commencent à tomber et les sols à se dénuder, qu'il semble s'y trouver plusieurs petits cimetières. Que font ces cimetières à cet endroit et que sont devenus les colons ayant vécu en ces lieux? Cet article tentera d'expliquer les informations disponibles au sujet des cimetières de Barnston, plus particulièrement sur le cimetière historique de Cleveland.

Les premiers colons sont arrivés dans la région de Barnston il y a de cela environ 200 ans. Évidemment, il n'y avait que de la forêt au moment de leur arrivée. Il n'y avait aucune aide disponible à la colonisation : pas de routes, de ponts, aucune ferme et aucune terre cultivée, pas de magasins, d'écoles ou d'églises et encore moins de cimetières.

Ces défricheurs sont apparus un à un et, de cette façon, la colonie grandissait lentement. La propriété de chaque paysan était dorénavant connue de chaque voisin. Pendant plusieurs années, des pistes à travers la forêt conduisaient d'une terre voisine à l'autre, jusqu'à ce que des routes soient construites.

Le besoin de posséder un cimetière s'est rapidement fait sentir et c'est ainsi que les cimetières familiaux ont été créés dans cette partie de la région. Les êtres chers et les voisins étaient inhumés près de la maison familiale. Par ailleurs, le défunt ne pouvait avoir de pierre tombale proprement dite, les moyens ne le permettant pas. Pour pallier à ce problème, les créatifs pionniers utilisaient ce qu'ils avaient sous la main pour désigner l'endroit où les gens étaient enterrés. Il se trouvait à l'époque, comme on en voit encore aujourd'hui d'ailleurs, beaucoup de pierres de champs de différentes grosseurs pour marquer ces lieux, lesquels sont encore visibles de nos jours. Malheureusement, aucune information n'est visible sur ces pierres. De larges dalles et des croix de bois étaient utilisées pour transcrire les informations essentielles au sujet des défunts. Bien entendu, ces inscriptions ne sont plus disponibles, les ravages du temps et de la nature les ayant effacées. À compter du début du XIXe siècle jusqu'aux environs de 1840, la pratique était d'utiliser les plaques d'ardoise désormais disponibles pour marquer les endroits où les défunts étaient inhumés.

Tranquillement, des changements se produi¬saient dans la colonie grandissante. Les pro¬priétés se vendaient à mesure que les terrains se déboisaient. Par contre, la maladie et les accidents survenaient plus fréquem¬ment et c'est pourquoi certains colons ont quitté la région, trouvant trop ardu de se battre continuellement pour vivre. D'autres paysans ont simplement trouvé une terre plus facile à cultiver.

Le cimetière Belknap, sur le chemin Lyon, près de Baldwin's Mills, demeure un témoin silencieux du passage de la famille ayant vécu sur cette terre. Le champ a été défriché, des maisons et même des clôtures de pierres ont été construites. Après plusieurs années de dur labeur, la famille a quitté cette terre trop éloignée des autres et aussi trop rocheuse pour être cultivée. À ce jour, des descendants de la famille Belknap entretiennent régulièrement le cimetière familial. L'emploi du terme «cimetière» est toutefois un usage moderne, car dans la période colonisatrice, le lieu d'inhumation des défunts se nommait « terre d'ensevelissement », le mot « cimetière » prenant usage beaucoup plus tard dans le vocabulaire des colons anglophones. Habituellement, ces sites d'inhumation ne comptaient pas énormément de pierres tombales, soit une ou deux, mais sur lesquelles étaient gravées une douzaine d'inscriptions relatives aux gens décédés. Ces vestiges sont ceux des premiers colons en provenance de la Nouvelle-Angleterre, leur appartenance religieuse étant généralement de l'Église protestante.

De nos jours, ces cimetières historiques sont sous la direction du Barnston Heritage Cemetery Association. Angus MacKinnon, le président actuel de l'association, voit au bon déroulement des opérations telles que l'entretien des pelouses, la réparation des pierres et des clôtures. Le cimetière Baldwin-Wheeler, sur la route de Barnston-Baldwin, le Pleasant View à Barnston, les Bickford, Horn, Washburn, Lovell, Gould, Child ainsi que le cimetière des Kilborn sont tous sous l'aile de cette association. Pour chacun de ces cimetières, une affiche signale leur affiliation avec le Barnston Heritage Cemetery Association.


Les vieux cimetières sont classés en trois parties actifs, inactifs ou abandonnés. Un cimetière caractérisé actif, tel que le Pleasant View de Barnston, accepte toujours d'inhumer des défunts. Par contre, le cimetière Child, sur le chemin Cabana, est inactif étant donné qu'il ne reçoit plus le corps des personnes décédées. À l'occasion, et tout à fait par hasard, un chasseur peut découvrir un ou deux de ces sites d'inhumation même si cet endroit est retourné à la nature, à l'état sauvage. Ces simples traces d'intervention humaine démontrent le passage d'un colon s'étant installé à cet endroit. Puis, la terre de son dernier repos a été oubliée, ceci étant l'exemple d'un cimetière abandonné. La vieille ferme de Cleveland est localisée au 1728 chemin Martineau, à quelques minutes du village de Barnston, Québec. Colonisée en 1801 par Sylvester Cleveland (communément appelé Vester) et sa femme, Relief Constance. Cette ferme demeurera dans la famille Cleveland pendant approximativement 145 ans, jusqu'à ce qu'elle soit vendue vers 1948.
Près du site original de la cabane en bois rond des Cleveland, un cimetière a été construit dans lequel le premier enterrement s'est fait en 1808 pour l'inhumation des restes de Mme Jude Converse (Lydia Bemis), cette dernière étant probablement la mère de Relief Converse. Jusqu'à ce jour, il a été impossible de valider cette information.

Du côté ouest du cimetière familial des Cleveland, une section était réservée pour l'inhumation des gens pauvres. Dans les premiers temps, cette ferme était également connue sous le nom de « Ferme des pauvres » ou encore « Town Farm » et les paysans se rendaient là pour que l'on prenne soin d'eux. Ces gens, sans ressources viables et sans support, venaient terminer leurs jours sur cette terre et, suite à leur mort, ils étaient enterrés dans le cimetière familial. Nous ne pourrons jamais être absolument certains du nombre de gens ayant été inhumés en ces sols puisque aucun registre exact n'a été tenu. Ces gens n'ayant pas les moyens de se payer une pierre tombale gravée des inscriptions essentielles (leur nom, dates), nous pouvons reconnaître les sites où se trouvaient les tombeaux des gens pauvres à leur apparence, aux pierres de champs s'y trouvant et où se trouvaient également des croix de bois, celles-ci depuis longtemps disparues. Les funérailles se sont tenues au cimetière Cleveland durant environ cent ans, soit de 1808 à 1901.

Il y a de cela quelques années, les pierres provenant du cimetière original des Cleveland ont été retrouvées et déménagées à l'endroit actuel, près du bâtiment extérieur de la ferme, au bord de la petite route menant à la cabane à sucre.

Les pierres ont été aménagées sur une large dalle de béton. À ce jour, la ferme est connue sous le nom de la ferme Martinette dont les propriétaires sont Lisa Nadeau et Gérald Martineau.
Le site Cleveland est un des nombreux cimetières marquant le passage des premiers colons dans la région de Barnston et c'est grâce à leur dur labeur et à leur immense contribution au développement de la région que nous vivons toujours ici. Ces cimetières vont-ils conserver leur but premier? Pas nécessairement. Tous les ans,

durant la période estivale, des descendants en provenance de partout en Amérique du Nord se rendent dans les petits cimetières de Barnston en l'honneur de leurs ancêtres. Ils conservent un immense respect envers ces derniers et recherchent le plus d'informations généalogiques qu'il est possible de retirer de ces pierres se trouvant dans les cimetières. Somme toute, ces cimetières sont de considérables trésors à découvrir éternellement et ils sont également une importante source d'informations pour les générations à venir.



Bibliographie
1. Heritage Cemeteries of Barnston Townships, Remarks in Regards to the Graves of the Early Settlers, Thornton Cleveland, 1960's, the private collection of Elvyn M. Baldwin.
2. Stanstead Historical Journal, Vol. 15,1993, pg. 51 : Cemetery Update 1993 by Mr. Philips Poaps.

Voici la liste de 10 cimetières répertoriés par le Barnston Heritage Cemetery Association

1- Gould chemin Corey
2- Heathon chemin Stage
3- Burbank chemin Provencher
4- Howe-Kilburn chemin Wheeler
5- Libby chemin Way's Mills
6- New Boston (Rosenberg, Kenneson) 3 milles au sud-est de Stanstead, Fairfax 7- Way's Mills chemin Jordan
8- Belknap 1 mille au nord du Holland Vermont Line, chemin Lyon
9- Chamberlain-Washburn cheminGoudreau
10- Blanchard derrière la maison de R. Provencher, chemin Provencher

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