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Le Courant

Automne 2006 | 08

Une retraitée se raconte


Diplômée en 1947 à l'école Normale de Lévis. Première année d'enseignement dans un village à environ 10 milles de Rivière-du-Loup. Quelle année! 42 élèves (8 en 1ère année) et jusqu'à la 9e année inclus. Cette année-là, il y avait ce qu'on appelait dans le temps la petite communion (lère année), la confirmation pour les 3 e année, la communion solennelle pour la 6e année, les certificats de 7e et mes 2 certificats de 9e année. Préparer tout ce monde-là, quelle besogne!
Vers la fin de l'année, la visite de M. l'Inspecteur. Dans ce village, 2 professeures, une à chaque extrémité avec autant d'élèves. Entre Rosanne et moi, il y avait compétition. Qui arriverait la première pour la visite de M. l'Inspecteur? Finalement, quand les résultats sont sortis : Rosanne 9,5 et moi 9 alors ma compagne a eu le 25$. J'étais contente pour elle mais très déçue pour moi.

Pour cette charmante visite, il fallait faire des travaux manuels. J'avais fait faire de la broderie à mes plus grandes, du tricot aux plus jeunes et les petites, tricot sur fuseau de fil avec petits clous; on devait coudre pour faire un sous-plat. Les garçons m'avaient apporté quelques petites planches et avaient dessiné : lapins, chats, chiens, coqs, poulets et découpé et peinturé le tout, d'autres avaient fait des maisonnettes pour les oiseaux, des porte-crayons avec des petites canettes, pots ou petites bouteilles qu'on tapissait avec du papier de couleur, il y en avait toujours qui apportait quelque chose pour les moins nantis. Et que dire des bulletins à chaque mois, préparer les examens, les corriger, compiler toutes ces notes, OUF! C'était essoufflant... Si on avait bien travaillé, l'hiver on allait glisser après le souper.

Le pire, c'était l'hiver. Le monsieur qui devait allumer le poêle à 2 ponts partait trop vite, quand j'arrivais à l'école à 7h30, le poêle était éteint. Il faisait froid, je rallumais le charmant poêle, je faisais fondre de la neige pour laver les mains au besoin. Souvent les petits arrivaient en pleurant «J'ai oublié mes mitaines» et les fameux petits «rubbers». Ils avaient les pieds gelés. Je les installais près du poêle et la journée commençait... Ceux qui demeuraient à 1 mille ou plus, je les envoyais à 2h45 les journées de grosses tempêtes. Les enfants de 1 ère et de 2e qui demeuraient près de l'école retournaient à la maison à la récréation de 10h30 et de 2h30 et cela tous les jours. C'était la coutume. Et que dire du bois de chauffage. On venait le livrer, les élèves m'aidaient à le rentrer et à le corder dans la «shed». Les toilettes occupaient aussi ce lieu. Imaginez quand venait le printemps... On vidait ces «bécosses» à la fin des classes seulement.
Quand je retourne dans ce petit village où un de mes anciens élèves était prêtre, nous nous retrouvions après la messe, au restaurant avec ses 2 petites sœurs. Quel bon temps nous avions! Je suis très peinée, il est décédé l'automne passé. Le plus vieux de mes élèves, Roland (15 ans) me donne encore de ses nouvelles une fois l'an, il est maintenant à Montréal.

Parlons donc du salaire! 40$/mois, 20$/mois de pension. Qu'en pensez-vous? C'était une vocation. À l'été 1948, une cousine m'a convaincue de venir enseigner dans les Cantons de l'Est pour 60$/mois et 20$/mois de pension. C'était alléchant, mais ma mère n'était pas de cet avis. Ma soeur aînée et mon frère m'ont grandement aidé pour ce départ.

Catastrophe! C'était pire à la mission de Barnston, en pleine campagne. La même chose se répète, pas d'eau, entrer le bois, bécosse, etc... N'ayant pas donné de nouvelles à ma famille, mon frère arrive au début d'octobre, il veut me ramener à la maison. Je vais respecter mon engagement, lui dis-je. Mon frère a fendu du bois tout l'après-midi pour allumer le poêle et est reparti disant qu'il m'avait mis dans de mauvais draps. Malgré tout, je me trouvais bien avec 27 élèves, 7 divisions, il me restait 40$/mois.
À la fin de l'année, après une rencontre avec le secrétaire de la Commission Scolaire de Barnston (Robert Breault) j'obtiens une classe au village 28 élèves, 4 divisions, 60$/mois, 1$/jour de pension, le ciel!!! C'est là qu'un de mes élèves m'a demandé en mariage, il avait 6 ans mon petit Jean... il avait su que je devais me marier à l'été. «Attends quand je vais être grand, c'est moi qui va te marier. Je ne veux pas que tu te maries avec lui». Je me suis mariée en 1950 pensant que l'enseignement était terminé pour moi. Mais un bon lundi matin de septembre Louis Dévost frappe à ma porte, cherche un professeur à tout prix. J'ai 75 enfants à la petite école St-Jean (le bloc derrière la banque de Commerce). Après insistance, j'ai accepté. Par la suite, les élèves ont déménagé à l'école Gendreau. Mon fils est né en 52, j'ai continué à faire de la suppléance. Ma fille est née en 56, en avril, mai, juin 57, j'enseignais à Dixville à 89$/mois.

J'ai recommencé à plein temps quand ma fille a eu 3 ans. Gendreau... Collège SacréCoeur... St-Marc, 3 ans... St Michel, 1 an. J'ai terminé un Bacc. à l'Université de Sherbrooke en 1979. De 1968 à 1987, j'étais à Gendreau et ma carrière prenait fin.

J'ai beaucoup aimé l'enseignement, c'était ma vie. Je suis en forme et je profite bien de ma retraite.

Le Courant

Le Courant est publié par la Société une fois par année. Membres de la société, historiens professionnels et amateurs partagent avec les lecteurs le fruit de leurs recherches. Les textes sont disponibles en français et en anglais. La publication de cette revue est rendue possible grâce au soutien de commanditaires locaux que nous remercions avec toute notre gratitude.


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