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Le Courant

Automne 2007 | 09

La colline du Canon

Jean-Maurice Dumoulin


Si dans les années 30, peu de citoyens se souvenaient de la Colline du Canon, aujourd'hui ce fait devient donc une révélation pour nous tous. Autrefois, cette colline occupait tout l'espace à l'ouest de la gare, où il n'existait aucune rue sur le penchant ouest, on y trouvera le terrain de golf du Country Club. La majeure partie appartenait à la compagnie de chemin de fer le Grand Tronc qui y puisait le gravier de première qualité servant à empierrer ses voies dans toute l'Amérique du Nord, et plus tard par le C. N. R. Dans les années 1800, cette colline se prêtait avantageusement à la pratique de certains sports d'hiver, entre autre, les glissades en traîne-sauvage après quoi, on se donnait rendez-vous à l'hôtel Canada pour y déguster un bon repas au coût de 0. 35 sous. Au cours des années, cet hôtel prit le nom de Wellington, ensuite de Corona pour enfin devenir aujourd'hui la Maison Familiale, une résidence pour personnes âgées.

Cette montagne n'est plus identifiable à cause de l'exploitation excessive dont elle fit l'objet. Il en reste encore aujourd'hui un grand banc de gravier, exploité par la firme Couillard. Le coin nord-est était réservé au cimetière. Mais suite au morcellement du terrain, les morts furent transférés de l'autre côté du ruisseau Child, aujourd'hui, le cimetière Mount Forest. En octobre 1999, un certain Philippe Bélanger retrouva des ossements humains sur son terrain longeant la rue Main ouest et qui faisait partie du site. L'expertise d'un archéologue venu sur les lieux, confirma l'authenticité des faits.

Le nom de Canon Hill, est venu d'un canon qui demeura une quinzaine d'années, placé près de son sommet et pointé vers l'est. Aujourd'hui l'endroit est occupé par la manufacture de laine Geo. Sheard. Le dit canon appartenait à la Coaticook Mills. Il mesurait environ huit pieds de longueur. La culasse mesurait plus d'un pied de diamètre et l'âme, environ quatre pouces de diamètre.
Deux versions ont été données concernant la provenance de ce canon. La première, par monsieur Félix Lefebvre et voudrait qu'il soit venu des États-Unis après la guerre de Sécession, qui de 1861 à 1865, opposait les États-Unis du Sud et ceux du Nord. Monsieur Pinkham, chef de gare d'alors, convoqua une assemblée de citoyens influents dans le but de trouver un moyen de faire venir ce canon ici. Il se rappelle de l'avoir vu à son arrivée, monté sur des roues de charrette et placé sur un wagon de chemin de fer.

L'autre version a été fournie par monsieur Daniel Moyle et confirmée par A. F. Andrews à l'effet que ce canon vient ici comme faisant partie d'un wagon rempli de vieilles ferrailles consignées à une fonderie appartenant à monsieur Norman Baldwin et située près de l'extrémité ouest du pont de la rue St-Paul. Tout me laisse croire, que plus tard, cette même fonderie aurait porté le nom de Hardware & Woodware. Elle appartenait au colonel Roger Roberge et à son frère Yvon. On y fabriquait des « Freezers » servant à faire la crème glacée qu'ils expédiaient en Amérique du Sud à la fréquence d'un camion par jour. Elle produisait aussi des petits moulins à viande manuels, ainsi que des pièces pour les brûleurs à l'huile. Le maire du temps, John Sr, Thornton aurait obtenu la permission d'acheter ce canon à des fins cérémonielles et décoratives. Cependant, monsieur Moyle mentionne que le canon était tellement abîmé qu'on ne pouvait plus le considérer comme arme à feu. Quelqu'un aurait alors eu l'idée de lui fabriquer un affût et de la monter sur un essieu et des roues solides.

Le canon fut exposé dans le square, ainsi qu'on désignait, le terrain situé au coin des rues Main et Cutting, qui plus tard sera occupé par le bureau de poste et voisiné par l'édifice Tanguay. Après un certain temps, le canon fut transporté dans un champ situé à l'extrémité ouest de la rue Court, près du bocage appartenant à la ville et qui servait de parc public lors de certaines réjouissances. C'est à cet endroit que sont survenus les incidents tragiques.

Nous sommes donc en 1872, lors de la fête de la Saint-Jean-Baptiste. Bien que cette société telle que nous la connaissons aujourd'hui ait été fondée qu'en 1886, la fête patronale des Canadiens français était quand même célébrée et chômée dans ces années-là. Alors, ceux qui sauvèrent le canon du creuset eurent l'intention de s'en servir pour ajouter sa voix aux réjouissances. La puissance de sa détonation ferait vibrer les vitres des deux cents maisons que comptait la ville disait-on. Alors, on avait chargé un certain M. Mahern, un ancien soldat de la guerre de Sécession et considéré comme un expert canonnier, de le faire fonctionner à l'aide d'un compère. La tradition veut que les deux hommes, après la première détonation, n'aient pas laissé refroidir le canon assez longtemps et qu'en y introduisant une autre charge, celle-ci se soit enflammée et les ait tués tous les deux sur le champ. Le nom de son compagnon d'arme nous est malheureusement inconnu. C'est peut-être pour se remémorer ce triste événement que le bocage de la ville s'appellera désormais, le Bois de la Saint-Jean-Baptiste... À la suite de ce malheureux accident, le canon fut placé à l'ombre d'un grand noyer au sommet de la colline d'où vient son nom.

Quinze années plus tard, soit le 1 er juillet 1887, quelques lurons décidèrent de faire résonner le canon pour souligner le 50e anniversaire de l'accession au trône de la reine Victoria qui coïncidait avec la fête de la Confédération. Alors, ils allèrent réveiller M. W. C. Webster qui habitait sur la rue Pleasant dans la maison appartenant dans le temps à M. Wilfrid Labarre, et l'amenèrent à son magasin au coin des rues Main et Child. Ils achetèrent de la poudre dont ils avaient besoin ainsi que deux douzaines de bières afin d'humecter la tourbe servant de bourre au canon, selon la prescription qu'avait jadis laissé le canonnier. Autrefois, on se servait d'eau, mais ce jour-là, on préféra la bière pour des raisons techniques et sociales... Par chance, ils eurent la précaution d'y installer une longue mèche. Leur but, bien intentionné, était de réveiller leurs concitoyens très tôt ce matin-là par un boum théâtral qui les mettrait dans l'ambiance de la fête. À l'heure fixée, le coup partit.... suivi du canon dont les morceaux épars jonchèrent le sol. Seules les deux roues rappelaient la fête royale. Heureusement, les apprentis canonniers se sortirent indemnes de l'expérience. Ce fut une réussite qui en même temps fit éclater les vitres d'une trentaine de maisons environnantes. La puissance de l'explosion, creusa un trou si béant qu'il servira à la sépulture de ce canon qui donna à la colline la plus haute de notre ville, le nom de Colline du Canon ou Cannon Hill. Dans son édition du 6 novembre 1930, notre journal « L'Étoile de l'Est » fit mention que le 27 octobre 1905 un terrible accident fit trois victimes dans un éboulement de gravier de la Cannon Hill qui atteignait plus de cent pieds de hauteur. Le compte-rendu de ce triste événement provient d'un journal de Montréal qui reproduisait en même temps les photos des trois victimes: Jean Richard, 55 ans employé de la ville et père de Josaphat et de Jos. Rickey, un autre employé de la ville ainsi que de Frank Saint-Cyr. Ce dernier était à l'emploi de la Cie d'assurance la « Métropolitaine » et était venu justement vers cinq heures, heure de la tragédie, offrir à ses deux amis une ... assurance-vie, avant d'être lui aussi enseveli sous plus de cent tonnes de gravier. Les corps furent retirés vers sept heures le soir. Les obsèques des trois victimes attirèrent une foule nombreuse.

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