Lors d’un déjeuner-causerie offert par la Société d’histoire de Coaticook à la fin du printemps 2018, l’invité M. Normand Roy, copropriétaire et fondateur de l’industrie Ferme piscicole des Bobines nous racontait ce rêve qui l’habitait de produire chez-nous de l’aquaculture tout en respectant l’environnement. Il décide donc de commencer ses activités dans sa paroisse natale à St-Malo en 1975. Malheureusement la quantité d’eau n’était pas suffisante et déjà les propriétaires ont dû trouver un autre site rapidement. Ils se tourneront donc vers Ste-Edwidge-de-Clifton et en 1980 font l’acquisition d’un terrain se trouvant en bordure d’un ruisseau.
Les Bobines c’est le nom retenu pour cette entreprise mais l’une de nos premières questions est de connaître pourquoi ce nom a été choisi. On se demande facilement quelle en est l’origine. Nous l’avons une peu effleuré tantôt en mentionnant qu’il y avait un ruisseau en bordure. C’est qu’au tout début, le ruisseau qui alimentait en eau la pisciculture s’appelait le «RUISSEAU DES BOBINES». Ce ruisseau a adopté ce nom puisque dans les années 1900, un moulin à scie y fabriquait des bobines et était construit près du ruisseau. Ses roues à aubes étaient alors activées par l’eau du ruisseau. Le moulin à scie a fermé ses portes vers les années 1930. Depuis ce temps, le ruisseau fut baptisé ‘’ruisseau des Bobines’’ en la mémoire de ce moulin.
La famille Roy bien présente dès les débuts de l'entreprise
Nous regarderons maintenant cette histoire avec une meilleure compréhension. Donc, en 1975, M. Normand Roy et sa femme, Mme Doris Brodeur, commencent l’élevage des premières truites. Voici donc des visionnaires qui démarrent une entreprise et qui désirent affronter les obstacles mais ils sont bien déterminés à progresser. Ils débutent le tout dans le sous-sol de la maison familiale, en utilisant des piscines pour enfants en se disant que l’entreprise de ce projet grandira en suivant les différentes étapes.
En 1980, après cinq années d'expérience, M. Roy et Mme Brodeur se lancent à temps plein dans la production de truites. Ils sont à ce moment établis à Sainte-Edwidge-de-Clifton, dans les Cantons-de-l’Est, avec leurs quatre enfants. On comprend facilement que quatre enfants c’est aussi une occupation de plus et que les journées sont sûrement bien remplies. Rapidement en 1980, l’entreprise des truites prend de l’expansion et la réputation du nom de ‘’Les Bobines’’ commence à se forger. Le début de la mise en marché se réalise à cet endroit. On a commencé, nous dit M. Roy, à faire de la transformation à petite échelle mais on s’est rapidement rendu compte que ça allait prendre encore plus d’espace. À cet endroit, le maximum qu’on pouvait produire était de 18 tonnes de poisson par année. Aujourd’hui, on en produit 210 tonnes chaque année.
C’est ainsi qu’en 1989, la demande pour la truite des « Bobines » ne cesse de grandir et les propriétaires se mettent à la recherche d'un site où l'eau souterraine serait en quantité et de qualité exceptionnelle. Le souci de la qualité est bien présent dans la tête des propriétaires. Ils le conserveront toujours. C'est ainsi qu’ils entament plusieurs recherches pour finalement établir l'entreprise dans le village d'East Hereford. Des études hydrogéologiques afin de connaître la capacité de la nappe phréatique à accueillir un tel projet sont réalisées. ‘’On utilise seulement l’eau sous-terraine et jusqu’à maintenant, on obtient de bons résultats’’ signifie le copropriétaire.
En l’an 2000, la superficie de l’usine de transformation est triplée dans le but d’accroître la production. La croissance est bien présente et bien motivante. En 2003, l’usine contribue à l’élaboration de la STRADDAQ (Stratégie de développement durable de l’aquaculture en eau douce au Québec). Cette stratégie est une entente entre le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs ainsi que l’AAQ (Association des aquaculteurs du Québec). L’objectif était alors de réduire de 40% les rejets de phosphore des productions aquacoles québécoises sur dix ans. En 2004, l’entreprise soucieuse de son rôle entreprend un projet très ambitieux qui consiste à aménager toute la production dans un bâtiment intérieur et adopter un système d’élevage innovateur et unique. Ce système est reconnu aujourd’hui comme référence en matière d’aquaculture durable.
En l’an 2005, on sent une importante évolution. Leur fils Clément se joint à l’entreprise. Clément avait terminé ses études collégiales en administration et ses études universitaires en droit. Clément apportera donc un solide coup de main en y apportant son savoir et ses compétences.
M. Clément Roy se joint à l'entreprise après ses études
En 2011, soucieux comme ils l’ont toujours été, ils ajoutent un système de traitement des eaux usées performant. Ce système permettra à l’entreprise dorénavant de satisfaire et même de surpasser les normes environnementales québécoises. Le progrès et l’agrandissement de l’usine ne s’arrête pas là car en 2012, on élabore la construction de nouveaux bassins d’élevage en recirculation sous terre. Cet ajout permettra d’améliorer les conditions d’élevage des truites et de demeurer un chef de file dans le domaine de l’aquaculture au Québec. En gardant toujours en tête la qualité et la performance l’entreprise investira maintenant beaucoup dans la technologie. De 2013 à 2016 une partie de toutes les installations se trouve automatisée. Un système d’oxygène automatisé, un nouveau système de filtration et le transfert et comptage des poissons seront mis en œuvre.
Les installations modernes à la Ferme piscicole des Bobines
Il est bien évident qu’à travers les années cette entreprise de chez-nous ne cesse de croître et de conserver ses standards. En 2017, on s’attaque maintenant à l’image des produits. En effet, le design de tous les emballages est revu et ainsi une nouvelle image de marque est mise à jour. Avec tous ces agrandissements et la demande pour les produits grandissante il faut voir à l’agrandissement des bureaux et à la mise en place d’une nouvelle boutique de vente. Il sera opportun de faire une grande inauguration pour celle-ci. Cette étape est réalisée en 2018.
L’an 2019 se veut une grande année où on entre dans une importante phase d’expansion qui permettra de doubler la production actuelle. Dans les étapes que comportent un tel processus il faut vérifier le choix d’une nourriture de haute qualité, le contrôle des fuites de poissons, le contrôle des maladies et des parasites, le contrôle de la pollution ainsi que la gestion générale.
Toutes les exigences que l’on impose se retrouvent dans la qualité des nombreux produits offerts. Ceux-ci sont d’une grande qualité. Une usine de transformation peut ainsi garantir l’excellence et la diversité des produits. C’est grâce à un personnel qualifié et dynamique et grâce à la certification par l’agence HACCP (Agence canadienne d’inspection des aliments) qui est un organisme reconnu à l’échelle internationale. La Ferme piscicole des Bobines peut ainsi atteindre un niveau maximal de salubrité, de traçabilité et de qualité de ses produits. Tous les produits de la ferme sont certifiés Ocean Wise, Aliments Québec et Créateurs de saveurs afin de promouvoir les bénéfices liés à l’achat local. De plus, l’usine de transformation de l’entreprise est certifiée HACCP par l’Agence canadienne d’inspection des aliments afin de garantir la qualité reconnue de ses produits.
La Ferme piscicole des Bobines opère le plus important site d’élevage de truites arc-en-ciel au Québec.
Les bâtiments de la Ferme piscicole des Bobines en 2012
Elle est reconnue comme la seule entreprise québécoise à transformer directement la truite arc-en-ciel à la ferme. Ceci assure un maximum de fraîcheur à toute sa production. L’entreprise se retrouve aussi l’un des plus importants sites d’élevage de salmonidés en bassins fermés au Canada. Les truites sont certifiées OCEAN WISE. Ocean Wise est un programme de conservation créé pour informer les consommateurs et les entreprises sur les enjeux liés aux pêcheries et aux pratiques d’aquaculture afin de les habiliter à faire des choix écoresponsable.
Une excellence et une diversité de produits grâce à un personnel et une entreprise de qualité
Normand, Doris et Clément, leur garçon qui est aujourd’hui actionnaire majoritaire, opèrent donc avec passion une entreprise d’envergure. Normand a occupé le poste de président de l’Association des aquaculteurs du Québec pendant plusieurs années. Il est président de la Table filière de l’aquaculture en eau douce du Québec. Doris détient une formation en cuisine et participe à développer avec sa créativité les mets cuisinés de l’entreprise les Bobines. Clément comme nous l’avons mentionné a terminé des études collégiales en administration et universitaires en droit. Une équipe qui par ses forces a atteint ses objectifs. Ce qui donne le résultat de 3 propriétaires qui cumulent au-delà de 100 ans d’expérience.
Les rêves sont toujours présents et de nouveaux produits sont à l’étude et devraient rejoindre le marché.
La ferme piscicole des Bobines applaudit également la politique bioalimentaire du Québec. Celle-ci reconnaît l’aquaculture comme une production d’avenir. Le gouvernement souhaite doubler la production de la truite d’ici 2025 et on souhaite avoir notre part du gâteau. Avec les avancées technologiques, il est possible de faire ça tout en respectant l’environnement, conclut M. Roy.
