La venue des sœurs de la Présentation de Marie à Coaticook est étroitement liée à l’histoire de l’Église locale. M. le curé Jean-Baptiste Chartier connait bien les religieuses établies dans le diocèse depuis 1853. Il désire la présence des religieuses afin d’instruire et éduquer les jeunes filles. Le curé Chartier leur fait construire un couvent en pierre et en granit (45 pi X 35 pi) à proximité de la chapelle existante. Sœur St-Louis de Gonzague et deux autres religieuses arrivent au presbytère le 15 septembre 1870. Les classes débutent le 3 octobre avec 40 enfants, dont 13 sont pensionnaires. La moitié des élèves sont francophones et catholiques, les autres sont anglophones, certaines protestantes.
Construction de la première partie
En l’année 1875, les années sont difficiles et sombres pour le curé Chartier et plusieurs gens de Coaticook. Les ressources financières sont à peu près inexistantes tant chez les familles que chez les religieuses. Dans le but de sauver l’œuvre et de poursuivre les activités, les religieuses décident d’organiser des bazars avec le concours des dames du milieu, et les gens s’entraident de toutes les manières possibles. Grâce à l’influence du clergé et de certains citoyens au printemps 1883, la communauté de la Présentation de Marie acquiert le couvent ainsi que les terrains adjacents. La même année, on entreprend des démarches en vue d’un premier agrandissement.
En février 1884, le consentement de Mgr Racine, évêque de Sherbrooke, des supérieures de la communauté ainsi que l’accord des notables de la ville font en sorte que l’on procède à l’agrandissement. Le tout sera terminé pour l’entrée des élèves en septembre. Un deuxième agrandissement est érigé en 1897, cet agrandissement se fera à l’arrière de la première bâtisse alors que l’agrandissement de 1884, avait prolongé le bâtiment le long de la rue St-Jacques. Cet ajout sera essentiel afin de loger les sœurs et les 90 pensionnaires dont plusieurs qui viennent de la Nouvelle-Angleterre. En 1902 et en 1907, deux autres ajouts sont réalisés : la nouvelle chapelle, des salles de musique et des dortoirs. Cet ajout dotera le Couvent de son style majestueux qu’on lui connait encore aujourd’hui.
L'ajout de la deuxième partie
En 1971 s’ajoutent un gymnase et quatre classes afin de répondre aux exigences du Ministère de l’Éducation. Une passerelle relie les bâtiments. En 1986 un nouvel agrandissement favorise le réaménagement de la cuisine et de la cafétéria et procure des locaux aux religieuses.
En 1977 une corporation laïque achète une maison sur la rue Wellington afin de loger les pensionnaires de plus en plus nombreuses. Cette villa sera démolie et on la remplacera par une construction sur la rue Main Est où logeront 26 élèves. En 1983 la communauté achète l’ancienne école St-Michel pour la convertir en dortoirs. Cinquante-six pensionnaires y trouvent place et en 1997 la résidence est vendue à la MRC de Coaticook.
Un agrandissement du Couvent
En 1870, à l‘ouverture du couvent on retrouve des élèves des cours préparatoire et élémentaire. Ces cours se donnent en français et en anglais, tenant compte du milieu. En poursuivant leurs études, les élèves reçoivent à partir de 1909 le brevet complémentaire ou le brevet supérieur d’enseignement du bureau d’examinateurs de la province. Le High School (collège Rivier en 1923) sera affilié à l’université de Washington, puis à l’Université de Montréal. En 1929 s’instaure le cours universitaire Lettres-Sciences affilié d’abord à l’Université de Montréal, plus tard à l’Université de Sherbrooke. De 1946 à 1956, s’ajoute le cours commercial bilingue.
En 1957, c’est la mise sur pied de l’École normale Nouvelle-France. Les finissantes reçoivent un brevet d’enseignement du ministère de l’Éducation. En 1965 le pensionnat change d’orientation et opte pour le cours scientifique d’une durée de quatre ans : Sciences-Lettres et Sciences-Mathématiques. En 1967 s’ajoute une année préparatoire aux études supérieures, la 12e année. Le Grand Couvent, toujours fidèle à sa mission d’éducation des jeunes, hier comme aujourd’hui, sait s’ajuster à la vie scolaire.
Finissantes Brevet C 1957-1958
Arts et la culture au Grand Couvent
Dans tous les programmes d’études, il y a toujours eu place pour la musique, le chant, la diction, le théâtre, le dessin, la peinture, les arts plastiques et domestiques, l’artisanat, l’éducation physique et les sports. Dès 1884, 40 élèves réclament des cours de piano. En 1916, la chapelle fut dotée d’un orgue Casavant pour permettre de rehausser les célébrations liturgiques mais aussi permettre à des jeunes étudiantes de pratiquer cet art. Les murs du couvent ont été témoins de plusieurs déploiements artistiques, culturels ou sportifs.
Des noms différents
Dès sa fondation en 1870 les sœurs puisqu’elles accueillent des élèves pensionnaires l’établissement portera le nom de Couvent. L’agrandissement en 1907 complète une façade de 215 pieds linéaires et les gens de Coaticook le nomme ainsi Le Grand Couvent. Par la suite selon les modalités diverses appellations se succèdent : Pensionnat de Coaticook en 1936, Pensionnat Reine de l’Estrie en 1948, Pensionnat Notre-Dame-de -l’Estrie en 1953, École Normale Nouvelle-France en 1957, Pensionnat Notre-Dame-de-la-Présentation en 1966 et en 1990 le Collège Rivier. Malgré des situations parfois difficiles le Pensionnat maintient son institut privé tout en répondant aux demandes gouvernementales ainsi que des autorités scolaires. Il poursuit sa mission en répondant aux besoins spécifiques de la population et des époques. En 1903, la communauté ouvre un pensionnat pour jeunes filles à Stanhope. Ce High School favorisera bon nombre d’Américaines de la Nouvelle-Angleterre ainsi que des filles de la région et d’ailleurs. En 1973 on assiste à la fermeture de cette école nommée Le Pensionnat Notre-Dame-des-Neiges et les enseignantes poursuivent leur enseignement à Compton jusqu’en 1983, à l’ancien juvénat des frères des Écoles chrétiennes.
Groupe de finissantes dont Estelle Boisclair
Les commissions scolaires de la région font appel aux religieuses de la Présentation de Marie afin de combler des besoins dans leurs propres écoles, soit à la direction ou soit comme enseignantes. Nous les retrouvons à Compton (1909-1966), à St-Herménégilde (1915-1070), à l’école St-Jean de Coaticook (1922-1950), à l’école St-Marc (1922-1971), à l’école St-Edmond et St-Michel (1931-1963), à l’école Gendreau (1950-1973), à Barnston (1961-1972), à l’école Monseigneur-Durand (1963-1967) et à l’école Albert L’Heureux (1967-1973).
Lors d'une pratique de feu
Le curé Jean-Baptiste Chartier a su trouver une correspondance adéquate à son œuvre en demandant la présence humble et généreuse des trois Présentines du Couvent dès le tout début. Si ces pionnières ont eu la vie plutôt difficile à maintes occasions, elles ont su relever les défis. Les archives mentionnent qu’en 1885, on y compte 15 sœurs et 295 élèves, dont 112 au pensionnat (au privé) et 183 à l’externat (au public). La croissance des religieuses est constante jusqu’en 1955 et va de pair avec le nombre de pensionnaires. Par contre, l’ouverture d’écoles à partir de 1922 entraîne chaque fois une diminution d’externes. Aujourd’hui il y a toujours des pensionnaires et des externes mais tous du secteur privé.
En 1995, les garçons sont acceptés dans le but de garder vivant le flambeau allumé il y a 125 ans. La direction et l’enseignement sont maintenant tenues par des laïcs.
À une époque d’une évolution rapide sur tous les plans, le Collège Rivier sait s’adapter à ces changements tout en poursuivant sa mission d’être ensemble des porteurs d’humanité et des porteurs de vie pour l’avenir. Le Pensionnat, Collège Rivier célèbre cette année son 150e Anniversaire.
Texte tiré du livre COATICOOK racontée par ses citoyens
Source : Sœur Louise Guilbert
