Sam Green
D’après le Déjeuner-Causerie donné par Donald Green, fils de Sam, le 12 mai 2019
Tout d’abord mentionnons que Donald résidant de la région et est marié à Sandrine Jean-Marie et il a 2 enfants : Une fille est toujours étudiante et est âgée de 16 ans, une autre fille a pour sa part, 22 ans et travaille à Magog.
La belle histoire de la famille Green débute lorsque la famille arrive au Canada en 1912. Sam n’a qu’un an mais il fera partie d’une famille de sept enfants. Sam est donc le seul enfant né à l’extérieur du pays alors que les six autres enfants naitront alors que la famille est maintenant installée dans la région. En effet la famille immigre au Canada et arrive de Russie ce qui explique que Sam est donc de nationalité Juive. Sam a un frère, Harry né en 1925, et cinq sœurs, Simmie née en 1909, Betty née en 1916, Morley née en 1918, Rachel née en 1920 et Leah née en 1922.
Les parents de Sam arrivent donc au pays et s’établissent d’abord à Sherbrooke. Ils y opèrent un commerce de viande. Comme il se doit ce commerce offrira la viande cachère ainsi que les autres produits d’épicerie.
Quelques années plus tard, soit en 1927, la famille s’installe à Coaticook et y tiendra cette fois un commerce d’objets usagers. Le père de Sam, Morris fera fonctionner ce commerce mais ce dernier décède à l’âge de 42 ans. C’est donc son fils Sam qui prendra le relais. Il est en fait l’ainé de la famille et approche la vingtaine et de plus il possède ce sens des affaires indispensable afin de tenir un tel commerce. On retrouvait dans ce commerce, nous raconte Donald, toutes sortes de marchandise. L’élément principal semblait être le métal et la quincaillerie. Dans le domaine de ferronnerie, on y vendait les items neufs et des items usagés. Le commerce de l’usager savait satisfaire bien des clients qui se procuraient les éléments à moindre coût et retrouvait bien souvent les éléments qu’ils adaptaient à leur besoin. On y trouvait aussi bien des éléments selon les besoins de l’époque et les besoins des clients. Donald nous raconte avoir entendu qu’on y vendait des peaux de vaches, des poules et bien d’autres items de toute sorte. La vente et la revente de patins était très populaire. Des personnes présentes au Déjeuner-Causerie se souviennent de cette disponibilité et des bonheurs que cela a créés. Une autre demande bien populaire était celle des bicyclettes. Une fois de plus plein de bons souvenirs sont reliés au fait d’aller trouver ‘’son bicycle chez Green’’.
Une époque marquante est celle de la guerre durant laquelle le commerce de Sam Green est en opération. À cette époque tout le métal et le fer sont en demande pour les besoins de la guerre. C’est ainsi que tout le métal et le fer se trouvait être un marché lucratif. Ce matériau est très en demande auprès du gouvernent pour les différentes utilisations militaires. Il est certain que durant ces années de guerre, les rationnements sont courants. Le commerce de M. Green saura devenir un commerce bien en demande pour les clients qui achèteront surtout les pneus usagers très rares en ces moments.
Une autre approche qu’a développé M.Green est celle de voyager pour dénicher les commerces en faillites et acheter leur stock et ainsi pouvoir écouler ces marchandises à très bas prix dans son commerce. Une anecdote nous laisse savoir que parfois il achète même le camion du commerce et le revend à son tour. Je crois qu’il possédait déjà l’idée de recyclage et de consommation durable.
Parlons maintenant de Sam qui en plus d’être un homme d’affaire était aussi un homme au cœur sur la main. On lui connaissait une générosité appropriée avec sa clientèle. Il n’est pas rare d’entendre dire qu’il avait aidé un client en lui laissant de la marchandise sans qu’Il n’ait un sous à payer ou si peu. Il se trouvait aussi un bienfaiteur pour son frère opérant un commerce dans la ville de Coaticook, et qui se retrouvait souvent en mauvaise posture financière. Sam était toujours là pour son jeune frère Harry. Sam était un homme qui aimait aider les autres et il intégra le Club Lion de Coaticook dès ses débuts. Un fait nous est raconté et on y apprend que le Club Lion de Coaticook voulait organiser un tirage et voulait mettre en jeu un cadeau très alléchant : Une voiture neuve. Le prix comportait des risques pour le Club Lions de Coaticook car entre le prix d’achat et les revenus engendrés par la vente de billets il y avait une possibilité d’échec. Sam leur proposa de prendre le risque en assumant complétement la responsabilité de cette transaction. Heureusement tout se déroule à merveille et même que le Club, qui encaissa des profits, garda l’idée de produire des tirages avec des prix d’envergure. Sam Green bénéficiera toujours de cette réputation de ‘’bon gars’’ auprès des gens qui l’ont côtoyé.
Cette vie hélas sera de courte durée car il succomba en 1963 alors qu’il était en chaloupe sur le sac Massawipi. Cette histoire vaut la peine d’être racontée car elle tient de la légende. Donald avait entendu que la mort de son père était survenue alors qu’il avait quitté le chalet, comme à l’habitude, et avait emmené Donald avec lui pour faire un tour de chaloupe. Une fois sur le lac il aurait senti un malaise et aurait placé Donald alors âgé de 19 mois à plat au fond de la chaloupe et aurait dirigée celle-ci à basse vitesse en direction du chalet. M. Green aurait donc tout mis en œuvre pour la sécurité de l’enfant alors qu’il sentait ce malaise l’accabler et qui l’emportait à la mort. Cependant quelques années plus tard, Donald pu rectifier quelques détails sur le fait en rencontrant la voisine du chalet, Mme Renée Bédard, qui spécifia que la chaloupe n’avait pu revenir au chalet comme Sam l’aurait voulu mais qu’elle tournait en rond doucement sur le lac et qu’elle aurait pu partir à la dérive. Des voisins ainsi alertés sont partis récupérer la chaloupe. Une fois au rivage on constata le décès de M. Green et l’on retrouva un Donald sain et sauf. Cette histoire nous fut confirmée par la gardienne et cousine de Donald, Mme Denise Roussel.
Au décès de M. Green un changement s’impose pour le commerce. M. Green avait bien informé sa femme que si un jour il ne pouvait plus s’occuper du commerce alors elle devait le vendre rapidement. Ce genre de commerce, à son idée, n’était pas fait pour une femme. M. Green avait toujours procuré à sa femme des conditions de vie très agréable. La mort de ce dernier vient donc bousculer les choses mais Rachel Hébert-Green ne se laisse pas abattre. Sa nature de fonceuse et de curieuse la pousse à relever le défi avec détermination. Elle reprend les guides du commerce et le mènera avec succès durant une vingtaine d’année. Rachel possède un caractère fougueux capable de travailler rapidement et de voir à plusieurs aspects à la fois. Un sens des affaires et une facilité à communiquer lui fourniront tous les outils nécessaires pour bien mener l’entreprise. De plus elle peut compter sur l’aide de sa famille qui est tout près. Durant ces années le commerce se porte très bien et sait s’adapter à la vie qui continue. Après une vingtaine d’années Rachel se dit que le temps est venu de quitter et déconseille à Donald de prendre la relève. Les temps ont changé et apporté leurs changements dans les habitudes de magasinage. Les grandes surfaces font leurs apparitions et le magasinage local se voit ébranler par cette frénésie venant de l’extérieur. Le commerce est donc vendu et ne fera plus partie du paysage commercial. L’entreprise est vendue à M. Gaétan St-Pierre qui est briqueteur et y opérera son commerce pour quelques années. Les années suivantes les locaux seront occupés par Michel Sage Plomberie et par la suite le Centre de moulées de Coaticook s’y installera. Quelques années plus tard GF Prolait s’y installe à son tour.
(à gauche, Mme Rachel Green)
En 2011, l’association de toponymie de la Ville de Coaticook nomme une nouvelle rue au nom de Sam Green. Il est jugé que l’implication et le dévouement de ce dernier mérite d’être représentés. Cette rue se trouve entre la rue Merrill et la rue de La Gravière.
Durant les années où le commerce était en opération on peut se rappeler le nom de Mme Huguette Demers qui fut secrétaire durant plusieurs années. Louis Hébert, de son vrai nom Urbain, surnommé Ti-Loup qui était réparateur et de mille métiers. On peut se rappeler aussi de Almazar Lefebvre et de Rosaire Cournoyer.
Toutes les années d’existence du Commerce Sam Green tenues par Sam et par la suite par sa femme Rachel ont su bien marquer le paysage Coaticookois. Petite anecdote pour terminer : Lorsque la famille de Sam Green arrive au Canada, elle se nomme Zalone, d’après leur origine Russe. Le russe utilise la langue slave écrit avec l’alphabet cyrillique. Le cyrillique du type proche de la capitale grecque, dont l’invention est attribuée à Saint-Cyrille, et utilisé pour la transcription de langues slaves. Zalone donc s’écrit : зеленый donc zelenyy devenu Zelone qui signifie Vert d’où Green adopté par la famille en arrivant au Canada.
