Le procès d’Antonio (Tony) Demers septembre 1949 Tony Demers reconnait sa culpabilité pour le meurtre d’Anita Robert (Laberge). Antonio (Tony) Demers, joueur de hockey professionnel a été criminellement responsable de la mort de Anita Robert, née Laberge survenu le 16 septembre 1949. Ce procès a suscité beaucoup d’intérêt dans la région de Coaticook. Ce procès a duré cinq jours. Il était pratiquement impossible d’entrer dans un endroit public sans entendre quelqu’un discuter du procès de Tony Demers. Le verdict du jury fut unanime à l’issue de l’enquête du coroner tenue dans la salle du marché à Magog, remplie à capacité d’une foule de curieux. Demers a témoigné lui-même pendant près de trois quart d’heure et il a relaté sa propre version de la tragédie dont Mme Robert avait été victime. Dans son témoignage Demers raconte : je connaissais Mme Robert (Anita) Laberge de son nom de fille et originaire de Coaticook.
Vers neuf du matin, mercredi dernier, Mme Robert lui demanda s’il pouvait venir la chercher dans l’après-midi pour la reconduire chez l’optométriste pour faire ajuster ses lunettes. Vers trois heures vingt, je suis venu à Coaticook et je suis arrêté à l’hôtel Maurice pour prendre une couple de verres, j’allais ensuite retrouver Mme Robert au rendez-vous habituel à deux maisons de la demeure de ses parents que je n’ai jamais rencontré d’ailleurs. Nous avons pris plusieurs consommations Anita et moi, je bois vite je ne sais pas combien nous en avons pris. Nous nous sommes ensuite rendus à l’hôtel Georgien de Lennoxville, nous avons bu plusieurs verres à cet endroit, je commençais à (filer) bien. Nous sommes ensuite retournés à Coaticook où nous avons pris encore quelques verres à l’hôtel Maurice. Abordant le sujet même de la tragédie, Demers déclara qu’il repartit avec Mme Robert, tout le temps en cour de route elle me disait des bêtises me qualifiant de toutes sortes d’injures. Irrité je lui donnai trois ou quatre tapes dans la figure, et comme je ne suis pas un enfant d’école ça saignait beaucoup. Elle a sauté en dehors du char, je suis allé la chercher et je l’ai placée sur le siège arrière de l’auto et j’ai repris le volant. Je lui parlais mais elle ne répondit pas, j’ai cru qu’elle dormait. J’ai pris un mauvais chemin et je me suis égaré. Je me suis endormi et lorsque je me suis réveillé au petit matin j’ai découvert que j’étais dans le fossé, je lui ai demandé de m’aider mais elle ne répondait pas. J’ai constaté que mon amie était dans un état sérieux. Demers se rendit à Magog conduire Mme Robert à l’hôpital. Une sœur m’a répondu, j’ai dit que c’était un accident d’auto. Je ne voulais pas que ça se sache trop. J’ai dit à la religieuse «que ça coûte se que ça voudra» je vais payer. Faites venir les plus grands médecins si nécessaire. Je suis retourné au lac Magog, j’étais inquiet, je l’aimais énormément. Cinq plus tard j’ai appelé le Dr Beaudry à l’hôpital et il m’a dit qu’elle allait très bien. Je suis monté pour la voir et en arrivant à l’hôpital j’ai demandé à la Sœur pour voir Mme Robert, elle est partie et est revenue avec la police qui est venue me chercher. En ce sombre jour de novembre 1949, le juge Césaire Gervais laissait tomber son verdict. Dans sa décision le juge déclara : Vous vous êtes servi de votre force prodigieuse pour abattre, avec une cruauté et une sauvagerie inhumaine, une faible femme sans défense. Vous saviez que l’alcool vous rendait violent et belliqueux, querelleur et incontrôlable. Vous avez abusé de cette force herculéenne, dont vous étiez si fier, pour tuer votre amie. Vous avez bénéficié d’un procès juste et équitable. Les membres du jury vous ont trouvé coupable d’homicide involontaire. Je vous condamne à une peine de quinze ans de prison. Vous n’avez que 32 ans, vous pourrez purger votre peine et refaire votre vie. Comme l’avait souhaité le juge Gervais lors du prononcé de sa sentence, Tony Demers a purgé six ans de sa peine avant d’obtenir sa libération. Il a non seulement payé sa dette à la société, mais a été un exemple de réhabilitation comme citoyen modèle. A sa sortie de prison, il a été gérant d’un (driving range), il fut nommé entraineur du Rosemont dans la ligue junior Métropolitaine. Plus tard il fut embauché par Sifto (sel) et devint contremaître poste qu’il occupa pendant 14 ans jusqu’à sa retraite. Il se remaria (il était divorcé au moment de l’homicide) et eu quatre filles. À son décès il était depuis plusieurs années trésorier des Chevaliers de Colomb de sa région. Tous les gens qui le côtoyaient pensent réellement qu’il a essayé de vivre d’une façon exemplaire après cette terrible affaire. Tony Demers, né le 22 juillet 1917 à Chambly, a disputé seulement 82 matchs avec le Canadien de Montréal sur une période s’étendant de 1937 à 1943. Sa meilleur saison avec le tricolore a été en 1940-1941 alors qu’il avait marqué 13 buts en 46 parties, son plus grand nombre de matchs en une saison. Il est décédé le 2 septembre 1997 à l’âge de 80 ans. Il aurait connu une fructueuse carrière avec le Canadien s’il avait été plus sérieux et surtout s’il avait connu sa force physique.